UNE RETROSPECTIVE PROTO-VINTAGE
DE LA REUTILISATION CHEZ LES RAPPEURS INDIE
Il n’est pas nouveau qu’un rappeur sample quelques secondes d’un de ses titres préférés pour poser dessus. De la musique classique au hard rock, en passant par le funk : tous styles confondus, il s’agit généralement de toucher un plus large public. Parce que concrètement, quand on ne comprend pas ce qu’il dit, on n’en a pas grand chose à faire de son flow à moins qu’il soit aussi particulier que celui de Busta Rhymes. Bien conscients du phénomène, certains rappeurs explosent grâce à quelques boucles instrumentales bien choisies. Et bien souvent, ces rappeurs « indie » tapent dans l’indie. C’est le cas de Chiddy Bang, qui sample le groupe indie pop/rock MGMT sur sa track « Opposite of Adults ». Clin d’oeil au véritable titre de MGMT, « Kids » ? ∇
Quoi qu’il en soit, le mélange détonne. Le public visé s’élargit de manière considérable, Chiddy Bang prend son envol dès son premier album The Swelly Express en 2009. J’étais là, jeune ado fan de rock indie, en train d’écouter un rappeur poser sur un morceau de MGMT auquel j’avais attribué au moins six étoiles dans mon ipod nano. Et là j’ai commencé à apprécier ce style de métissage. Il est temps maintenant de partager avec vous la liste de quelques uns de ces petits génies du sample qui ont tout compris.
N°1 : Le désormais incontournable dans ce type de scène, Mac Miller.
Il découpe deux mesures du tube de Owl City « Fireflies » et en fait « Don’t Mind if I do ». En français, « Tu permets ? ». Je ne sais pas, demande à Owl City, moi rien à dire j’ai kiffé. ∇
Dans « Kickin Incredibly Dope Shit », il sample un des meilleurs titres à mon sens du collectif Frou Frou, formé par la vénérable Imogen Heap. Le projet Frou Frou est resté très underground, du coup peu de gens ont fait le rapprochement. Mais si vous avez l’occasion, écoutez la playlist en fin d’article qui contient tous les titres originaux. « Must be Dreaming » en vaut vraiment la peine. Vous pourrez le ressortir dans votre prochaine soirée hipster comme un grand crû de 2002. ∇
N°2 : Il a samplé à tout va. A tous vents. Vers tous les horizons.
Ce jeune pirate autrichien, en voguant vers la ville de New York, a signé son succès dès sa première mixtape de 2011. Left Boy sample dans The Second Coming le thème d’une célèbre franchise Disney. Son titre « Jack Sparrow » affiche désormais plus de 9 millions de vues sur Youtube. Dans le même album, il donne un nouvel envol au « Blackbird » des Beatles. Il joue une nouvelle partie du « Video Games » de Lana Del Rey. Il rappelle (peut être) Carly Rae Jepsen. Le succès de son dernier album Permanent Midnight devrait bientôt le mener dans les canaux mainstream. Du nerf moussaillon ! ∇
N°3 : On sort un peu de la scène-type, mais elle m’a pris par les sentiments.
Brave Williams, encore membre il y a quelques années d’un girls band à la Destiny’s Child, sample en 2014 un groupe électro/pop underground norvégien. Je crois que pour l’instant je suis le seul à avoir fait le rapprochement dans les pays où il fait plus de -20°C en hiver. L’enchaînement harmonique démentiel que vous allez entendre est emprunté à un de mes titres préférés de Röyksopp. La piste en question, « Happy up Here », est issue de leur album Junior paru en 2009. ∇
Pour la petite anecdote, Röyksopp avaient déjà eux-mêmes samplé un vieux groupe de funk dénommé Parliament. C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel, tout ça tout ça. Conclusion : un sample bien choisi peut être révélateur pour certains artistes. Si les quelques exemples ci-dessus vous ont plu, n’hésitez pas à enrichir votre playlist avec les titres originaux que j’ai regroupés pour vous dans le lecteur soundsgood. Une chose est sûre, il faudra que je vous reparle de Left Boy et de ses homologues.