Denizen et la fusion brutale du Punk et du Stoner old-school, la chronique live par Mad Gelly sur Suma Yeelen
- Préambule:
Cette semaine, c’est les 1 an de Suma Yeelen ! Alors pour fêter ça, Bouffe du Rock, vous présente une grande pâtée de Stoner dans ce numéro en trois parties de la rubrique. On vous présente un gros menu avec un double-live report, ceux de Denizen, montpellérains, et de Mother Engine, venus de Plauen, en Allemagne, à l’occasion de leur tournée en Europe. Sans oublier l’interview de Mother Engine qui a eue lieu le même soir que vous pouvez bien entendu aller lire ici, bref j’ai bien bossé en cette belle soirée du 8 août dernier. (Spoiler : C’était que du bonheur tout plein !)
- Le point chiant:
Denizen est un quatuor de Stoner-rock dont la carrière a démarrée entre Montpellier et Sète en 2003, leur première démo sortira la même année. Il récidiveront en 2007 avec « Far From Common Strategy« , une démo/album chez Prototype Records. La même année sur le même label, ils apparaîtront sur une compilation appelée The Black Sabbath Collateral Damage Split Tribute. Puis un autre album en 2009, Snatches Into Uproar, sorti chez Prototype à nouveau et enfin Whispering Wild Stories chez Stargun Music en 2011. Actuellement, on attend encore leur nouvel album dénommé In Troubled Waters qui sortira chez Argonauta Records. Petit commentaire au sujet de cette discographie : L’évolution entre Sludge très gras à la limite du Punk jusqu’à un son plus brossé 70′ est très visible au fil des galettes.
Retour sur la salle : contrairement à dans d’autres salles de Montpellier comme le Blacksheep ou le défunt MojoMatic, la salle de concert du Black Out n’est pas dans une cave, mais bien dans une salle à part entière. L’ambiance y est sympa, il y a même de petits canapés au fond, c’est plutôt cool pour se poser et discuter avant/entre/pendant les concerts. J’ai bon espoir, me dis-je, alors que je pré-réfléchit au concert en fumant une clope devant le bar. Bon espoir d’un concert avec une bonne qualité sonore, quelque chose qui va faire vibrer bien comme il faut. Ce qui m’y fait penser, c’est l’énorme caisson de basse que s’est offert le Black Out, placé étrangement sur le côté droit de la fosse, mais qui avait fait son bien bon effet à un concert de Hardcore auquel j’avais assisté dans ce bar une semaine auparavant. Un groupe comme Denizen que je voyais pour la deuxième fois, du gros stoner qui sues et qui cogne, ont la sono de leur côté manifestement.
- Le concert
Après cette clope, je suis entré dans la salle du concert pour constater que j’avais traîné et que j’arrivai au milieu de la première chanson du set, eh merde. Je sais ce que vous devez vous dire, oui je suis très à cheval sur la ponctualité et le professionnalisme.
M’étant arraché d’une réflexion en plein sur le sujet, mes premières analyses se tournèrent vers le son, qui se trouvait être pas trop mal. Enfin bon, on se trouvait à un concert de Metal et j’ai ce curieux handicap d’avoir parfois un peu de mal à discerner la musique lorsque le son est trop fort. Rassurez-vous, j’ai fini par m’y faire, sinon je ne prétendrai pas à faire du live-report. On entendait plutôt bien les lignes de basses bien groovy qui ont tendance à être sans concession d’allégeance Hard Rock 70′, ainsi que la guitare qui, elle, se baigne dans des registres déjà plus hétéroclites. Le meilleur point reste celui du défi relevé haut-la-main par le chanteur qui pour moi est un bon point de vue pour se dire si un chanteur est bon ou pas : pour moi c’est clair, la prestation vocale en live est à la hauteur de la prestation studio. Et ça, pour moi, c’est jouer dans la même poule qu’Attila Dorn, le cinglé de Powerwolf, ou notre bien-aimé Rob Halford, beau gosse sublime de Judas Priest, des exemples d’excellents chanteurs qui eux aussi présent de formidables performances en concert (cette remarque se veut objective et regardante sur la performance pure, prière de ne pas rager). Et donc, pour en revenir à notre cher Fabien Aletto qui nous délivre cette voix aiguë, puissante et brute de décoffrage mêlée aux guitares épurées sur les couplets nous rappelle une époque lointaine des Frontmen de Punk Hardcore toujours prêts à faire démolir le pit. Ou pour parler en références plus récentes, je trouve une bien peu lointaine similitude à du Chery Choke plus dévergondé, si on se réfère à l’album Raising the Waters.
J’admets malgré tout avoir eu du mal à rentrer dans l’ambiance, au début. Ce souci est probablement dû aux lumières. Sur une performance artistique comme sur tableau fixe, je suis toujours très regardant sur le traitement artistique sonore et visuel, et d’un point de vue spots, c’était pas trop ça. Bon, on va pas appeler ça un reproche bien sûr, car il n’y avait pas non-plus un ingé lumière embauché pour cette soirée à ma connaissance, mais il faut dire ce qui est : les spots dans leurs tons de couleur et leurs mouvements étaient assez inadaptés à un show comme Denizen. Je dirais qu’au lieu d’un tournoiement façon « Boum » de lumières bleues et vertes, j’aurai plus vu de simples spots naturels en clignotement. Mais je suis pas là pour faire de la direction artistique et bien sûr il s’agit d’un concert, la musique reste le plus important, j’ai quand même attendu la troisième du set avant de me laisser emporter par la musique, faisant fi de cette mauvaise gestion visuelle.
J’en profite pour transiter : la performance live en elle-même est assez satisfaisante, musicalement. On a droit aux tracks studios sans trop de risques à l’improvisation, mais les-dits tracks studios étant bons, on s’éclate quand même ! Comme je le disai, je finis par entrer tout de même dans l’ambiance, me laissant porter par la musique. J’en profite pour me lancer dans une bonne séance d’expression corporelle et pour me concentrer un peu plus sur la méta-physique musicale. Et là, y a énormément de choses à dire. Denizen, c’est du bon Stoner sale, bien lourd et fuzzy. Je me rappelle encore d’un bon ami à moi qui parlait des Deadly Vipers en les qualifiant de « Headbang Metal », je pense que ça s’applique aussi à Denizen. La dynamique avec ce riffing bondissant comme les vagues d’une tempête appelle à se jeter dans la fosse pour se casser la nuque. Cette énergie, vers le dernier tiers du concert, le groupe lui-même était enfin entré dedans, en se prêtant à un jeu de scène qui collait très bien à ce riffing qui reste la plus grande qualité de Denizen. En studio c’est visible sur les premiers albums, en concert c’est total : on fait face à un côté Sludge très prononcé. Oui, Denizen plaira aux fans de Sludge, et pour autant le groupe sait utiliser ce brut et compact son pour ornementer son set avec des montées et descentes de gamme aux influences très Rock psychédélique 70′, voir totalement Black Sabbath dans les premiers albums. On sera cependant déçus en live d’un manque de rupture dans la vibration qui créée un cruel manque de nuance lors de ces montées-descentes. Cette dynamique Sludge ira parfois au point de carrément virer à des bons relents de Punk Hardcore, comme le dis l’en-tête de la chronique. Et encore une fois c’est un bien bon point.
Au final ? Au final c’est plus délicat de vous dire s’il faut privilégier Denizen en studio ou en concert. On va dire que vous apprécierez Denizen en concert si vous aimez assister à un show brut de décoffrage, énergique et sans concession, et si vous voulez plus profiter des nuances de violence dans le jeu et des descentes de gamme hypnotiques, on vous conseille la version Studio. Pour ma part, j’avoue avoir au final une préférence pour leur travail sur CD, même si bien entendu c’est toujours un plaisir de voir leurs bonnes têtes, voilà pourquoi je foncerai à nouveau les revoir à la prochaine occasion. Donc à mon avis, arrachez-vous leurs CD.
Vous pouvez retrouver Denizen sur leur page Facebook, et de là suivre leurs actus concerts et sorties sur disque.
C’était Mad Gelly pour Suma Yeelen cher lecteur, je te dis à demain pour la suite de ce numéro rallongé, d’ici-là portes-toi bien et Bouffe du Rock !