
Bientôt un mois après son lancement en grande pompe (le 30 mars 2015) par Jay-Z, il est l’heure pour Tidal de faire un premier bilan. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le service n’a pas vraiment réussi à s’imposer dans le paysage du streaming musical en ligne, loin de là…
« Si vou pé vous donné argen a nou pour acheté jet privé pour les enfants. » Madonna à la conférence Tidal
Malgré un catalogue honorable composé de 25 millions de titres (35 millions pour Deezer et 30 millions pour Spotify) Tidal n’attire pas les foules. Le site BGR fait remarquer que l’application officielle, qui était parvenu à se hisser dans le Top 20 des applications sur l’App Store d’Apple, a dégringolée pour sortir du classement des… 700 applications les plus téléchargées.
Pourquoi cet échec? Une raison très simple, le prix. Contrairement à tout ses autres concurrents directs, Tidal n’a pas trouvé utile de proposer une formule gratuite, même limitée et/ou rémunérée par la publicité. Ajouté à cela que le prix de l’abonnement de base est le même que ses concurrents (10$ par mois) pour un nombre de titres inférieur. Pas de quoi encourager la migration massive des utilisateurs ou le recrutement de nouveaux.
Le seul avantage que Tidal a, est de proposer des musiques en format non compressé pour une meilleure qualité d’écoute, mais en échange d’un abonnement de 20$ par mois ! Un prix totalement surréaliste dans un marché de la musique ultra concurrentiel ! Ce genre de prestations n’intéressera que le marché de niche des audiophiles, et encore, je connais peu d’audiophile fan de Nicki Minaj. Cette échec d’une offre « HD » serait à comparer avec le flop du baladeur MP3 PonoPlayer promu par Neil Young et vendu 400$, qui avait réussit à mettre tout le monde d’accord, sur sa qualité médiocre malgré un prix totalement exagéré.
L’autre argument de Jay-Z pour promouvoir son service, c’est la rémunération « directe » des artistes. Le principe est, en théorie, de se passer des maisons de disques pour que les bénéfices aillent directement aux créateurs. Même si l’idée est honorable, elle ne fait en rien un argument de vente. Surtout quand on sait que Jay-Z et Beyoncé ont été nommés « couple le plus riche de la planète » avec une fortune estimée à plus d’un milliard de dollars, par le magazine Forbes ! La dure vie d’artiste indépendant…
Désormais, on peut se demander : qu’attendre à l’avenir pour Tidal ? Après ce lancement raté, le PDG de Tidal, Andy Chen, à été remercié et remplacé par Peter Tonstad. Deux possibilités s’offrent à lui, soit continuer la politique actuelle et donc amener le service à une mort lente et douloureuse, soit une reconversion du site vers un modèle plus ouvert, avec une offre gratuite calquée sur ses concurrents .
Quelle leçon tirer de cette histoire? Tout d’abord, aucun service internet ne s’est fait en un jour. Réussir à trouver un modèle rentable et construire une base d’utilisateurs suffisante est un travail risqué et de longue haleine. Pour tout les services qui réussissent, il y’en a 100 qui échouent ! Mais aussi, ce n’est pas parce qu’on s’appelle Jay-Z qu’on peut prendre les gens pour des poires, avec des modèles payant totalement à la ramasse en 2015. Jay, n’oublie jamais que ça sera toujours les consommateurs qui auront le dernier mot.