On ne va pas vous le cacher, Itinérances a trouvé une place toute particulière dans nos vies depuis bientôt dix ans : le festival du cinéma d’Alès est devenu un rituel, et comme chaque année, la grande messe du cinéma en Cévennes a rythmé nos vies lors d’un week-end d’ouverture, nous offrant comme à son habitude un lot de surprises et un cocktail d’émotions dont seul le grand-écran a le secret.
Et en parlant de rituel, tout est là : le déroulé du festival n’a pas bougé d’un iota, proposant trois avants premières éclectiques le vendredi soir, réservant sa soirée du samedi à la traditionnelle compétition de courts-métrages dont le niveau ne déçoit jamais. Une mise en jambe avant d’entamer la nuit « Zombies, Monstres et Compagnie » qui nous a tenu éveillé jusqu’à 8 heures du matin, laissant peu de place au repos de nos corps éprouvés mais pourtant présents pour découvrir les lauréats de cette édition lors de la soirée palmarès.
Et si le Cratère ne désemplit pas, c’est bien que le travail de l’association, éprouvé par le temps, est indéniablement devenu une valeur sûre. Itinérances s’impose comme la garantie de découvrir ou redécouvrir des œuvres qui ont fait ou qui font le cinéma actuel, dont certaines ont particulièrement retenu notre attention, définissant à nos yeux ce premier week-end.
Le chaos de la soirée d’ouverture.
« Based on truth…and lies…and what happened ». Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que je viens de voir ? Autant de questions qui se bousculent et ricochent dans nos crânes comme autant de headbang devant le spectacle sanglant de la vie d’Øystein Aarseth a.k.a Euronymous. Lords of Chaos retrace le parcours sinistre et fulgurant du guitariste, tout en démystifiant les récits et légendes qui entourent le groupe Mayhem, prenant des libertés d’interprétations pour nous livrer un film qui résonne à la fois comme un hommage à la folie de cette jeunesse norvégienne et une escalade permanente de la violence. Oui, le film de Jonas Åkerlund vous prend au tripe, du destin funeste du chanteur Dead à la tristement célèbre altercation entre Euronymous et Varg, le spectateur sombre peu à peu devant la folie et la surenchère à l’image des protagonistes. De la parole aux actes, des incendies d’églises au meurtre, on en finit par se demander quelle place tous ces drames peuvent laisser à la musique. Lords of Chaos est gore, il ne s’interdit rien, surtout pas d’humaniser des personnages brillamment interprétés. Hell yeah.
Courts-métrages : le coup de cœur pour Pile Poil.
Touchant, sincère et drôle : il n’en fallait pas plus à Pile Poil pour recevoir le prix du public, une récompense méritée pour ses réalisateurs Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller, déjà lauréats au Festival International du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez. En vingt minutes se déroule sous nos yeux l’histoire d’Élodie, jeune fille s’apprêtant à passer l’épreuve d’épilation de son CAP d’esthéticienne, pourtant coincée à aider son père Francis, incarné par le touchant Grégory Gadebois. Problème : Élodie ne parvient pas à trouver de modèle féminin pour l’examen. Pile Poil est la synthèse rêvée de la relation père fille, pas forcément sur la même longueur d’ondes, souvent prêts à se chamailler, et même si le dialogue n’est pas rompu entre les deux personnages, ils ont tout les deux intérêts à se rapprocher. Un court qui donne le sourire, avec le joie dévorante de ses acteurs quand enfin le père et la fille se retrouvent vraiment. Une belle histoire, tout simplement.
Toxic : first Avenger
Il devait être celui qui nous achève, ce dernier coup derrière les oreilles avant de reprendre péniblement la route après une nuit les yeux rivés sur la grande toile blanche du Cratère, cette cartouche qui vient se loger au fond de votre orbite avec l’inscription « mais qu’est-ce que je fous là à 6 heures du mat? Et pourtant, il fut le premier. Après un petit souci avec les droits de diffusions de Girls with balls, changement de programme : Toxic Avenger, premier « succès » de Troma ouvre le bal de la nuit. Oh. Mon. Dieu. Si la chose n’était connue que de nom pour nous, il faut dire que la découverte de ce chef d’œuvre des années 80 fut terriblement marquante. La vie du jeune Melvin, technicien de surface de la salle de muscu du quartier où les hectolitres de sueurs recouvrent des corps sculptés à la perfection va basculer. Suite à une mauvaise blague, notre as du balais tombe tête la première dans une cuve de déchets radioactifs, lui infligeant les pires mutations imaginables. Melvin devient alors le Toxic Avenger : créature à la force démesurée et à l’aspect révulsant. Il aurait pu devenir le méchant de son histoire, mais non. Melvin est un super héro, il traque les méchants et n’hésite pas à mettre fin à leurs jours, quitte à recouvrir le sol de leur sang, et c’est loin d’être un problème, puisque la signature du Toxic Avenger consiste à écraser la face de ses victimes avec un balais. Toxic Avenger est une délicieuse parodie du film de super héro. Le film use et abuse de situations burlesques, et ses gags souvent trash font mouche à chaque fois. On vous laisse profiter de l’extraordinaire bande annonce française du film. Et si c’était lui, le premier Avenger ?