Mother Engine en concert, un voyage spatial à la trajectoire finement tracée
- Préambule:
Cette semaine, c’est les 1 an de Suma Yeelen ! Alors pour fêter ça, Bouffe du Rock, vous présente une grande pâtée de Stoner dans ce numéro en trois parties de la rubrique. On vous présente un gros menu avec un double-live report, ceux de Denizen, montpellérains, et de Mother Engine, venus de Plauen, en Allemagne, à l’occasion de leur tournée en Europe. Sans oublier l’interview de Mother Engine qui a eue lieu le même soir que vous pouvez bien entendu aller lire ici, bref j’ai bien bossé en cette belle soirée du 8 août dernier. (Spoiler : C’était que du bonheur tout plein !)
- Le point chiant:
Je passe mon tour sur l’historique du groupe, vous avez qu’à lire l’interview dont le lien est dans le préambule, les musiciens la font eux-mêmes.
- Le concert:
Mother Engine est passé le même soir que Denizen, vous pouvez donc voir ce report comme la suite du précédent. C’est donc toujours au Black Out, et dans la même salle que se déroule le concert. Et cette fois, je suis pas arrivé en retard, youpi !
Pour commencer, du point de vue du visuel, j’ai mieux apprécié. Alors bien sûr, toujours pas d’ingé lumière ni de direction artistique à l’horizon, on va pas se mentir : c’est un point strictement subjectif et qui importe peu. Les spots exubérants sont laissés pour une sobre lumière bleue qui cette fois-ci est du plus bel effet, une ambiance plutôt planante est posée dans la salle alors que doucement, le set commence. Les promesses du studio sont plutôt bien tenues en effet, le groupe nous ballade entre de sympatoches ballades psychédéliques travaillées avec leur patte post-rock et des passages fuzzy un peu plus costauds avec un style de guitare très nuancé façon Jimi Hendrix Experience, qui rend bien au niveau du son.
En parlant du son, c’est plutôt bien fait, mais j’ai regretté la discrétion de la basse. Par chance, on sentait quand même les vibrations nous traverser et c’est un plus pour l’immersion, encore une fois merci au caisson installé par le Black Out. C’est l’occasion pour nous de s’asseoir et de se laisser emporter. La guitare utilise sans accro et avec méthode sa monstrueuse quantité d’effets. Delay, wah-wah, un tas d’autres. Le résultat est coloré, hétéroclite. Encore une fois, on est bien loin des cinquante personnes dont rêvaient Mother Engine lors de l’entrevue, pas plus nombreux qu’à Denizen, mais visiblement plus unanime, puisqu’enfin on observe certaines personnes danser, certaines plus et certaines moins transies par le concert, tous apparemment satisfaits.
Succès que Mother Engine ne saisira pas tout de suite dans la première partie du show avec une communication inexistante avec le public. Entre deux titres, ils se contentent de laisser sonner leurs instruments. Sauf ce moment, probablement celui où tout le public s’est vu conquis, ou le batteur s’est payé une formidable intro tout en claquements de baguettes. Audacieux et décalé, autant dire que ça a fait mouche.
Cette absence de communication est un choix qui se vaut pour laisser parler, mais laisse un côté froid et une sensation de retrait de la part du groupe, un peu comme dans ces concerts de Black-Doom dépressif où personne ne bouge, personne ne parle et où on se fait chier comme des rats morts. Enfin bon, pour avoir parlé avec eux c’était très probablement dû à l’angoisse de faire un gros bide et qui plus est c’est pas vrai, ça bougeait et ça bougeait bien. Ils ont une bonne énergie sur scène, une énergie tempérée, mais très adaptée à leur registre. Plus tard dans le concert les trois chevelus ont finis par s’apercevoir qu’on était tous ravis d’être avec eux aujourd’hui. Le guitariste daigne donc trinquer avec nous (Pröst !) et le trio s’attarde d’ailleurs à travailler son français et ENFIN nous annoncer de temps en temps le nom des pièces.
Cela dit, malgré ce manque de communication : quelque chose garde en haleine et laisse apprécier le show avec une grande fascination, c’est la symbiose incroyable que les trois musiciens ont travaillé entre eux et ils ont un talent fou dans le domaine ! Comme dans pas mal de groupes voulant amener un côté expérimental et/ou progressifs, ça demande de se regarder, d’être carré et de savoir se coordonner dans des moments à la rythmique volontairement très approximative. Alors, Cornelius montre ses talents d’excellent batteur en prenant un impressionnant rôle de véritable chef d’orchestre, s’attelant à créer sur les temps de pauses et les reprises pas toujours évidente une propreté et une synchro irréprochable et ça, bordel, c’est de la musique ! Le concert finit avec leurs compositions qui envoient le plus et le côté post-rock est plus ou moins abandonné pour plus de chansons issus d’Absturz, bien plus brutal que le premier, nous laissant apprécier une face de Mother Engine bien plus brute, encore plus Hendrix, sans concession dans le Stoner psychédélique façon The Machine, voire certains des impressionnants lives de Earthless. Une transe générale et un tonnerre d’applaudissement concluent le show. Ce qui est clair, c’est que Mother Engine a probablement été satisfait de son premier concert dans l’hexagone malgré le maigre public présent.
Pour conclure, je dirait que c’était un très bon concert. C’est un superbe voyage à travers l’Univers, dans des coins sombres et dangereux comme dans de douces nébuleuses, en hyper-espace comme en se laissant entrainer dans la calme danse astro-physique des étoiles. Album ou concert ? Les deux. Clairement, on trouve son compte dans les deux supports, on se laisse aspirer par cette rafraîchissante spirale hypnotique et on en ressort comme après une partie de jambes en l’air et un bon bain chaud.
Vous pouvez aller suivre Mother Engine sur leur page Facebook. Mordus de post-rock expérimental, de calme cristallin et de force tranquille, ce groupe est pour vous.
C’était Mad Gelly pour Suma Yeelen cher lecteur, je te dis à dans deux semaines pour une chronique sur les aventures de ton dévoué au Motocultor Festival Open Air 2015, d’ici là porte-toi bien et Bouffe du Rock !